12 Fév 2024
Fin janvier, début février des brebis se sont rendues dans les vignes d’Amandine et Jean Lou Descalis, coopérateurs en agriculture biologique à la cave de Louerion Terres d’Alliance, à Cucuron. En effet, la cave a lancé cette année un projet de vitipastoralisme sur son vignoble, en partenariat avec Max et Jérôme, éleveurs de brebis à Montjustin.
Beaucoup de viticulteurs pratiquent désormais l’enherbement naturel dans leurs vignes. Celui-ci a plusieurs bénéfices : une meilleure infiltration de l’eau, une restructuration et un accroissement de la biodiversité des sols, ce qui diminue l’utilisation d’engrais.
Cette herbe va pousser essentiellement à partir du mois d’octobre et va bénéficier des pluies de la période hivernale, ce qui va permettre un pâturage des brebis pour le mois de février lors du repos végétatif de la vigne. A partir de mars, la vigne va commencer à pousser, les brebis vont donc laisser place à un labour d’entretien, l’herbe ne poussera plus à partir de là, dû à la faible pluviométrie dans notre région pendant les mois chauds.
L’intérêt d’un troupeau de brebis par rapport à une tonte traditionnelle est de laisser les sols tranquilles, le troupeau entretien la vigne, apporte de l’engrais par la matière organique animale, les brebis vont également entretenir les fossés et les haies, tous les espaces autour de la vigne.
A l’origine, le projet devait être déployé à plus large échelle sur le vignoble de la cave mais l’automne sec n’a pas permis d’avoir suffisamment d’herbe pour que le parcours qui avait été élaboré soit réalisable. L’essai cette année sera donc finalement réalisé sur une dizaine de parcelles de vignes. Il permettra à la cave de vérifier quelques points techniques : il peut y avoir des problèmes de tassement de sols, mais si la durée de pâturage est maîtrisée par rapport à la ressource et que le troupeau n’intervient pas après de fortes pluies, ce léger tassement favorisera à terme la santé du sol. Les jeunes vignes doivent également être protégées, pour cela il suffit d’installer des filets, mais globalement l’intervention des brebis ne présente aucun risque pour la vigne.
Pour les viticulteurs les avantages sont multiples : cela permet d’économiser beaucoup de travail mécanique (labour, tonte, travail des interceps), il s’agit donc d’économie de carburant, d’heures de tracteur en moins, et des sols qui bénéficient de 6 mois de tranquillité. En effet plusieurs résultats d’expérience ont montré que le pâturage par les brebis améliorait la diversité floristique dans les parcelles en augmentant notamment la proportion de légumineuses. Les légumineuses, en plus d’être des plantes mellifères et donc d’être une ressource pour les abeilles, ont la capacité de fixer l’azote de l’air et d’enrichir le sol. Un cercle vertueux qui permet de nourrir la vigne de manière naturelle. Pour les bergers il y a aussi des avantages à ce type de synergie : transporter les brebis pendant les mois d’hiver vers des vignes permet d’économiser sur l’achat ou la production de foin, le bâtiment pour le stocker, en attendant l’accès aux pâturages d’été en montagne.
Le but de ce type de pratique est donc d’entretenir un vignoble de façon naturelle, préserver sa biodiversité, et de diminuer les interventions mécaniques. Tout cela au bénéfice ensuite de la qualité des vins.
Selon les résultats de l’essai et la météo de l’hiver prochain, la cave espère pouvoir développer le projet sur l’ensemble du vignoble l’année prochaine. Une initiative qui témoigne de l’engagement de la cave envers la durabilité environnementale et de la préservation des écosystèmes locaux !
1 Juin 2023
Si certains parmi vous sont passés au caveau de Cucuron, vous avez peut-être aperçu ce panneau explicatif sur le Projet Européen Vine Adapt.
Alors de quoi s’agit-il et qu’est-ce que le projet LIFE dont nous sommes partenaires?
Depuis 2018, notre cave travaille avec les universités d’Aix en Provence, Marseille et Avignon sur un projet d’étude de biodiversité en culture vigne, en partenariat avec Marrenon dans le cadre du projet Européen LIFE VineAdapt qui a pour objectif de contribuer à améliorer la résilience des écosystèmes viticoles face aux changements climatiques. Ce projet Européen réunit huit partenaires scientifiques et techniques d’Allemagne, de France (du Luberon), d’Autriche et de Hongrie jusqu’en 2025, permettant ainsi le transfert de connaissances entre chercheurs, techniciens viticoles et viticulteurs.
Dans cette étude 5 axes de travail ont été définis :
- l’enherbement innovant des inter-rangs de vigne
- La gestion alternative du rang de vigne, c’est-à-dire les alternatives aux herbicides chimiques.
- Les méthodes alternatives de fertilisation, c’est-à-dire la comparaison des fertilisations minérales et organiques et leurs impacts sur la végétation, le sol et la vigne
- L’irrigation économe en ressource
- Et enfin l’évaluation transnationale des services écosystémiques dans les vignobles sur la base des résultats de ce projet.
La première thèse sur laquelle notre cave a travaillé était l’étude de l’impact des pratiques culturales sur la vie du sol, faune et flore. Notre deuxième projet pour 2023 se concentre sur les couverts végétaux permanents, élaborés par les universitaires et mis en place dans notre vignoble.
L’axe de travail est l’évaluation de l’enherbement innovant des inter-rangs de vigne, le mélange des espèces de plantes sauvages semées nous permet d’atteindre plusieurs objectifs : réduire la demande en engrais, augmenter le stockage du carbone dans le sol, favoriser la présence d’abeilles et d’insectes qui pourraient combattre les ravageurs. Nous nous attendons également à ce que ces espèces végétales locales se régénèrent plus facilement après une sécheresse.
Source : www.life-vineadapt.eu
6 Mar 2023
La biodiversité dans les vignes de la cave Louérion Terres d’Alliance
Le printemps arrive et la nature semble se réveiller peu à peu de son sommeil hivernal, c’est donc l’occasion rêvée pour évoquer le fait que nos vignes sont habitées et qu’avec le retour des beaux jours elles vont commencer à s’animer.
Dans le Luberon nous avons la chance de posséder une grande biodiversité paysagère. Beaucoup de nos coopérateurs sont en polyculture (vignes, arbres fruitiers, céréales…) ce qui constitue une palette d’habitats variés pour la biodiversité animale.
Outre quelques insectes qui peuvent ramener des maladies au sein des vignes, il existe une multitude d’autres espèces qui, lorsqu’elles sont présentes, peuvent contribuer à lutter contre les parasites. Certaines de ces espèces, utiles pour combattre les ravageurs sont favorisées par les vignerons : les punaises et les araignées, les coccinelles dont les larves dévorent les pucerons, ou encore les perce-oreilles, amateurs d’œufs et de larves d’insectes, sont des auxiliaires utiles dans la lutte contre les parasites.
D’autres plus gros prédateurs peuvent aussi servir d’alliés redoutables, comme la chauve-souris. En une nuit elle est capable de dévorer plus de 2000 insectes, dont le papillon eudemis, un ravageur de la vigne, dont la chenille perfore les grains de raisin et favorise l’installation de la pourriture grise. Les oiseaux, comme la mésange par exemple, permettent également de lutter contre les insectes néfastes en se nourrissant des chenilles. Pas étonnant donc que l’on en observe un grand nombre près des vignobles.
Pour développer cette biodiversité, les vignerons Louérion ont mis en place plusieurs leviers : le développement des haies qui permettent un abri pour la faune et aident les chauves-souris à se guider par écholocalisation, les grands arbres isolés en bordure de parcelle ou encore les plantes et les fleurs entre les rangs des vignes qui constituent un couvert végétal bénéfique à la biodiversité animale.
La biodiversité du sol est un peu plus méconnue, et pourtant on s’aperçoit de plus en plus de l’importance qu’elle joue dans la fertilité des sols : notamment via les vers de terre qui digèrent la matière organique et aère le sol mais également tous les microorganismes : nématodes, bactéries, champignons, qui constituent la vie des sols. Pour reprendre Aristote, le sol c’est un peu l’estomac des plantes, et on connait l’importance de notre microbiote pour notre santé ; et bien c’est pareil pour la vigne !
Alors, la prochaine fois que vous vous baladerez près d’une vigne, essayez d’observer les différentes espèces végétales ou animales et vous vous rendrez compte que nos vignobles sont très vivants.